Il est vrai que la page de Cap Réussite est délaissée depuis bien trop longtemps ! Alors hop ! Dans un élan printanier et dans l'optique des préparations aux examens on s'y remet ! 😊
Aujourd'hui je vous propose un petit point concernant une des oeuvres au programme du bac de français : Le malade imaginaire de Molière.
Cette pièce est représentée pour la première fois en 1673 au théâtre du Palais Royal, le roi Louis XIV est censé y assister comme c'était l'usage, mais finalement ne daignera pas honorer le théâtre de sa présence. Certains y verront l'influence grandissante de Mme de Maintenon sa favorite, qu'il épousera quelques années plus tard, dont la foi et le respect pour l'Eglise déteignent sur la cour. Elle apporte avec elle un vent d'austérité et de dévotion qui s'accorde mal avec la verve critique de Molière sur ce sujet. Il avait, neuf ans plus tôt, écrit et mis en scène "Le Tartuffe" dans lequel il moquait et raillait les faux dévots pour la plus grande joie du roi, alors grand mécène épris de théâtre très friand des oeuvres de Molière. Autres temps, autres moeurs dit-on.
Molière propose ici un spectacle complet et crée un nouveau genre : la comédie-ballet, dans lequel se mêlent musique,(composée par Marc-Antoine Charpentier), chants et danses. Son objectif est double : divertir le public et le préparer aux thèmes importants de la pièce tels que la critique de la médecine, l'hypocondrie, les excès et aveuglements, le mariage, la relation parents-enfants, la vérité et l'illusion.
Le personnage principal, Argan, a peur de la maladie et de la mort. Molière jouait le rôle d'Argan lors des premières représentations. Il faisait un malade plus vrai que nature, car lui-même malade et atteint de la tuberculose faisait passer ses quintes de toux pour ses pantomimes comiques. Mais le soir de la quatrième représentation, il eut sa dernière crise, fut évacué en coulisses et mourut peu après. Cet évènement souligna bien involontairement l'aspect tragique de la pièce et la fit entrer dans la légende.
Molière cherche à renouveler le théâtre et s'inscrit dans la querelle qui oppose alors les anciens et les modernes : les "classiques " Boileau, la Bruyère et Racine pensent que rien ne pouvait être aussi parfait que l'Antiquité, représentant le summum de sophistication, alors que Marivaux, Perrault et Molière affirment au contraire que l'on peut renouveler le théâtre, le guider vers une modernité esthétique. Cette pièce est moderne car elle s'affranchie de la règle des trois unités,( en effet toute la pièce se joue dans la chambre d'Argan), mais Molière respecte malgré tout la comédie classique qu'il a mis en place et développé, car il en utilise une fois encore tous les ressorts : le comique de mots, de gestes, de situation, de répétition et de caractère.
Enfin le dramaturge joue avec l'idée même de théâtre et procède à de nombreuses mises en abymes (théâtre dans le théâtre) tout au long de la pièce. Element central de la pièce, le théâtre est en fait plus efficace que la médecine pour guérir la société de ses maux. Paradoxalement, le théâtre - monde de l'illusion- permet de montrer la vérité et de dénoncer le mal et ses trois racines : l'incompétence, la bêtise et l’hypocrisie.